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Les secrets de la licorne

  • Alain Foucaut
  • 24 mai 2016
  • 3 min de lecture

Découverte en 1841 par Prosper Mérimée au château de Boussac (Creuse), la tenture est acquise en 1882 par Edmond du Sommerard, premier directeur du musée de Cluny. Célébrée notamment par Georges Sand et Rainer Maria Rilke, ou plus récemment par Yannick Haenel, elle est souvent considérée comme la « Joconde » du musée de Cluny.

La Dame à la licorne est indéniablement une oeuvre complexe, qui intrigue et attire. La signification généralement donnée aux pièces composant la tenture est celle d’allégories des cinq sens :

la vue,

l’ouïe,

l’odorat,

le goût,

et le toucher.

Chacune met en scène, dans un jardin idyllique, une jeune femme de la haute société accompagnée d’une suivante (La dame de la tenture, au teint de lys, aux lèvres vermeilles et aux cheveux dorés, est d’une beauté dont la littérature courtoise chante les louanges depuis le XIIe siècle. Elle n’est pas le portrait d’une femme qui vécut dans l’entourage des Le Viste, mais l’incarnation de la femme idéale selon les critères médiévaux).

Elles sont entourées d’une licorne et d’un lion qui présentent les armoiries du commanditaire, Toutefois, il existe six tapisseries et le mystère demeure quant à l’interprétation de la dernière pièce, la seule qui porte une incription : « Mon seul désir ».

La sixième tenture, où la dame apparaît devant une tente entrouverte sur laquelle est inscrite la devise À mon seul désir, est plus la complexe d’interprétation. La jeune femme qui manipule des bijoux semble mettre en garde contre les dérives sensuelles et l’abus des jouissances terrestres. On ne cesse de s’interroger sur ce seul désir. Quel est-il ? Celui du cœur ou celui de la raison ? La douce féminité de l’atmosphère, l’érotisme associé à la licorne, plaident dans un sens, le geste volontaire de la dame qui semble renoncer à ses bijoux, dans l’autre.Quoi qu’il en soit, le message délivré par la tenture semble centré sur l’importance de la mesure en toutes choses, permettant de profiter des plaisirs des sens sans pour autant y être enchaîné, à la différence du singe dans la tapisserie du toucher. Cette mesure est affaire de volonté et de libre arbitre qui rendent l’homme responsable de ses actes. Il y a donc déjà dans la Dame à la licorne un élan humaniste qui annonce la Renaissance.


Plusieurs autres interrogations entourent ces tapisseries, comme celle de l’identité exacte du commanditaire. D’après les armoiries « de gueules à la bande d’azur chargée de trois croissants d’argent » que portent le lion et la licorne, il s’agirait d’un homme de la famille lyonnaise des Le Viste. La tenture apparaît aussi comme le symbole de la puissance d’une famille en pleine ascension et l’affichage d’une revendication sociale.

Le fond de « mille fleurs » des tapisseries, peuplé de fleurs et d’animaux familiers - lapin, oiseaux, agneaux -, crée un univers poétique. Ces fonds sont assez répandus à la fin du Moyen Âge, mais l’usage d’un arrière-plan rouge est plus exceptionnel, et accentue le caractère précieux de la tenture. En outre, le rouge et le bleu se côtoient sur les blasons des six pièces, association théoriquement interdite selon les codes de la science

héraldique. Les cartons de la Dame à la licorne ont été réalisés à Paris par un artiste majeur de la fin du XVe siècle dont l’identité demeure incertaine, tandis que le tissage a été réalisé dans les Flandres (entre 1484 et 1515) où se trouvaient alors les meilleurs ateliers de lice de toute l’Europe.

De 1992 à 2011, une salle arrondie au musée de Cluny pour mettre en valeur les tapisseries.


Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge 6 place Paul Painlevé, 75005 Paris

Accès payant


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