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Têtes des rois de Juda au Musée de Cluny, ou prise de tête à Notre-Dame.

Érigée après l’achèvement des portails qui la supportent, la galerie des Rois de Notre-Dame de Paris est une double innovation, promise à un rapide succès dans les projets de façades d’églises diocésaines du royaume et en dehors, notamment en terre d’Empire. D’une part, elle transforme la conception de la façade en ajoutant une grande barre horizontale qui vient rompre les verticales structurantes de la façade. D’autre part, elle vient placer entre portails et rose une théorie royale dans laquelle l’époque moderne, à commencer par dom Mabillon et Montfaucon, a vu une représentation de la généalogie des rois de France, ce qui fut fatal aux vingt-huit statues monumentales en 1793. On pense aujourd’hui qu’il faut plus probablement y voir les rois de Juda.

Portées disparues jusqu’en 1977, vingt-et-une d’entre elles (plus d’autres fragments) furent découvertes à la faveur de travaux dans la cour d’un hôtel particulier du 9e arrondissement de Paris.

Cette trouvaille archéologique est l'une des plus importantes à Paris au XXe siècle. Elle offre un apport considérable dans la connaissance de la sculpture parisienne de la première moitié du XIIIe siècle.

L’Adam de Notre-Dame est l’un des plus beaux nus du Moyen Âge. Sculpté en pierre vers 1260, comme le jubé dont il occupait l’angle sud-est, il fut transféré dans le bras sud du transept. Aujourd’hui, pour mieux le protéger, il se trouve au musée national du Moyen Âge ou musée de Cluny avec les têtes des rois de Juda.

L’exécution soignée des traits de ces ancêtres de la Vierge est d'autant plus remarquable que, placés en hauteur, leurs détails n'étaient pas visibles. Une polychromie délicate, dont les restes notables sont visibles, rehaussait ces visages.

Mais pourquoi vingt-huit rois ? Il semble impossible d’arriver à ce chiffre d’une quelconque façon si l’on considère la généalogie des rois de France jusqu’à Philippe Auguste (le décompte des Mérovingiens, évidemment complexe, laisse plusieurs solutions possibles).

Mais le chiffre n’est guère plus exact pour les rois de Juda. Ces derniers sont au nombre de vingt, qu’on peut porter à vingt-trois si on leur ajoute David et Salomon, voire Saül. Deux observations doivent être faites. D’une part, le dénombrement n’est pas une science exacte dans l’art médiéval, notamment au cours des xiie et xiiie siècles, et les représentations où l’on voit dix ou quatorze apôtres, vingt-deux ou vingt-six vieillards de l’Apocalypse, etc., ne sont pas rares. D’autre part, l’une des généalogies de Jésus données par les Évangiles, celle de Matthieu, recense vingt-sept noms.

Notons, enfin, que le seul personnage identifiable, David (debout sur un lion), se trouvait, à en croire la gravure réalisée d’après un dessin d’Antier, dans la quatorzième niche à partir du flanc septentrional, soit dans l’une des deux niches centrales. Il est impossible de se montrer plus précis, puisque l’on ne peut identifier avec certitude le personnage situé à senestre, qui pourrait être son prédécesseur Saül, son successeur Salomon ou son père Jessé (voire un tout autre personnage). On peut cependant proposer un sens de lecture centripète tel qu’on le trouve sur nombre d’autres œuvres médiévales.

Musée national du Moyen Âge
6 place Paul Painlevé - 75005 PARIS
Accès payant
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