Les Hospices de Beaune
- Alain Foucaut
- 22 juin 2015
- 3 min de lecture
Le 4 août 1443 naît l'Hôtel-Dieu. La guerre de cent ans n'est pas encore terminée, Beaune souffre de misère et de famine, les "écorcheurs" pillent et ruinent les campagnes. Les trois quarts des habitants de la ville sont sans ressources et les beaunois sont, dans leur grande majorité, déclarés indigents.
Pour racheter leur salut, Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne Philippe le Bon, et son épouse, Guigone de Salins, décident alors de créer un hôpital pour les pauvres. Ils le dotent d'une rente annuelle grâce à des salines, et de ressources propres, grâce à la vigne.
Le 1er janvier 1452, ce « palais pour les pôvres malades » accueille ses premiers patients. Dès lors et jusqu’au XXe siècle, les sœurs des Hospices de Beaune prendront soin de nombreux malades dans plusieurs grandes salles.

La Grande Salle des ''Pôvres'', aux dimensions majestueuses (46,30 m de long et 16 de haut), est soutenue par une voûte en carène de navire.

Elle abrite les couches des malades, toutes couvertes de rouge, et orientées vers la chapelle afin que les pensionnaires puissent suivre les offices dans les meilleures conditions possibles.

En sortant de la pièce, l'œil est immanquablement attiré par le remarquable Christ aux liens du XVe siècle, sculpté dans un seul et même fût de chêne.

La grande salle a fermé ses portes en 1952, mais l'Hôtel-Dieu est demeuré un refuge pour les indigents jusqu'en 1971. La salle Sainte-Anne, fermée au public, accueillait pour sa part les malades les plus aisés. On y trouve une tapisserie aux couleurs vives, portant les armes et la devise des fondateurs. La salle Saint-Hugues, conçue par un mécène beaunois nommé Hugues Bétault, est le siège de l'infirmerie.

Les différents aménagements témoignent de l'évolution du confort apporté aux malades : tablettes pour les effets personnels des malades, cordes de maintien, etc. La salle Saint-Nicolas permettait de préparer les mourants à entrer dans l'au-delà.
Vision étrange: Monseigneur Rolin visitant son hospice ?

En 1658, Louis XIV, de passage aux Hospices, trouva inconvenant la promiscuité entre hommes et femmes dans la même pièce. Le souverain accorda donc sur le champ une subvention pour aménager une autre pièce, et la grande salle fut dès lors réservée à la gente masculine. La salle Saint-Nicolas présente désormais au public une exposition permanente sur l'histoire du bâtiment.
La cuisine, pour sa part, n'est pas la moins surprenante des salles du bâtiment :

on peut y voir le malicieux Messire Bertrand tourner inlassablement sa broche au-dessus du feu depuis 1698. Le secret d'une telle longévité ?

Notre Bertrand est un automate, oeuvre de l'horloger De Fresne, un ingénieux enfant de la cité bourguignonne. Le visiteur peut également admirer les ustensiles de cuivre, dont faisaient usage les résidents de l'Hôtel-Dieu.
Apothicairerie (pharmacie): Elle comprend deux petites pièces avec ses étagères de flacons et de fioles. La première salle présente un mortier en bronze doté d'un arc accroché au pilon permettant d'alléger son poids et ainsi de faciliter le travail des apothicaires lors de la préparation des remèdes.

Dans la deuxième salle, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence datés de 1782 dans lesquels étaient conservés les onguents, huiles, pilules et sirops ...

Enfin, la grande salle Saint-Louis construite à la fin du XVIIe siècle à l'emplacement d'une grange, servait elle aussi à l'accueil des malades.

Elle rassemble aujourd'hui en son sein une partie des collections de mobiliers, tapisseries et objets d'art des Hospices de Beaune. En son centre, la fontaine de marbre est l'ultime témoignage de sa vocation d'origine : offrir aide et protection aux plus démunis.
Rue de l'Hôtel Dieu, 21200 Beaune
Accès payant