Abbaye Saint-Pierre de Flavigny
- Alain Foucaut
- 17 juin 2015
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À la fin du Ve siècle, les Burgondes, tribu germano-scandinave, envahissent la région. Rome les autorisera officiellement à s’installer dans cette région à laquelle ils laisseront leur nom : la Bourgogne. Corbon, seigneur burgonde, fit alors construire à Flavigny un castellum, place forte chargée de la sécurité et de la surveillance des voies de communication sur les lieux de la villæ de Flavinius. Sous le règne de Clovis (465-511), sera fondée la première abbaye à Flavigny. La Bourgogne sera ensuite annexée en 534 au royaume Franc. Vite détruite, l’abbaye sera à nouveau bâtie en 719 par Widerard, fils de Corbon et chrétien. C'est Widerard qui aurait transporté à Flavigny une communauté monastique. Il en deviendra le second abbé. Les moines de Flavigny obéissent à la règle de saint Benoît, qui vise à harmoniser le temps des moines entre la prière, le travail manuel, les études dans un cadre de vie communautaire et un esprit de modération.

Nous sommes sous le règne de Charlemagne (747-814), animateur d'une véritable renaissance culturelle ; l’abbaye prend alors rapidement son essor. "Dès 733, Lyon et la Bourgogne sont sous le joug de Charles Martel. Celui-ci délégua une part de son autorité à son fils Pépin le Bref ; les comtés furent donnés à des parents ou à des fidèles… et des abbayes comme Flavigny devinrent les plus efficaces relais du pouvoir". Flavigny se trouve mêlé aux réformes liturgiques engagées par le pouvoir, plusieurs manuscrits sont attribués à son scriptorium.

Dès 776, le Laus Perennis, louange chantée de jour comme de nuit par les moines, sans interruption pendant plus de 200 ans, témoigne de la grandeur de l’abbaye. Le culte médiéval des reliques a fortement contribué à la prospérité de l’abbaye vers laquelle affluaient les pèlerins des sources, pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, pèlerins de Sainte-Reine (On procède à la translation des reliques de sainte Reine dans l’abbatiale en 864, depuis Alise, dans le but de les préserver de l'invasion Viking imminente).

Ils représentent vite une foule qu’il faut nourrir, héberger, soigner. Il y aura jusqu'à trois hôpitaux dans les faubourgs de Flavigny.
L’église de l’Abbaye Saint-Pierre de Flavigny fut solennellement consacrée par le Pape Jean VIII le 28 octobre 878. Chaque année "la foire de la Saint-Simon" a encore lieu au village à cette date.Entre 1230 et 1250, l’Abbaye développe un important atelier de sculpture qui a pu travailler simultanément sur plusieurs autres chantiers, tel que Saint-Père-sous-Vézelay (1235-1245), Saint-Thibault (1240-1250), Notre Dame de Cluny (après 1233), l’église paroissiale de Saint-Genest à Flavigny, Rougemont, Molesme, Minot ou Aignay-le-Duc.Les sculptures retrouvées, comme la clef de voûte à l’agneau, sont exposées au dépôt lapidaire de l’abbaye de Flavigny.

À la Révolution française, il ne reste plus que cinq moines à l’abbaye, alors qu’elle devait en compter soixante pendant les deux siècles où a été pratiqué le Laus Perennis. L’église fut en grande partie détruite et tout le domaine fut morcelé en propriétés privées, tandis que les constructions monastiques étaient en partie utilisées par la fabrique d'Anis.Il est possible de visiter sa crypte carolingienne et le musée lapidaire.

les anis de Flavigny:
L’anis vert serait arrivé dans le département en 52 avant J-C. avec les troupes de Jules César. C’est seulement en 1591 que l’on trouve trace écrite de cette confiserie dans un manuscrit.
En épousant Marguerite de Provence, Saint Louis accueille en son Palais toute une suite de poètes, apothicaires et confiseurs, sévèrement régie par Blanche de Castille, la mère du roi. De nouvelles recettes utilisent l’anis, au grand plaisir des Anysetiers de la rue Vieille du Temple. La petite dragée de sucre enrobant une graine d’anis fut fort appréciée par les dames de la cour et fut rebaptisée "dragée à la reine" pour ne faire point de jaloux. Les Anis de Flavigny ont reçu le ruban bleu Intersuc en 1988, pour être l'un des plus anciens bonbons de France. Louis XIV avait, dit-on, toujours une boite d'Anis dans sa poche. Ils ont été les premiers bonbons à être proposés dans les distributeurs automatiques des gares et du métro dans les années 1930.

Rue de l'Abbaye 21150 Flavigny-sur-Ozerain
Accès gratuit