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l'oppidum de Bibracte

Autant vous le dire de suite, cette visite fut pour moi un choc incroyable: l'Histoire suinte de chaque parcelle du terrain. On marche ici sur les pas de Vercingetorix* et de Jules César. La beauté du site est sans égale, la nature est comme les vitraux d'une cathédrale, la lumière est parfaite, la mise en scêne idéale. Il ne reste qu'à se laisser submerger par l'ambiance et profiter...

De tout temps, le mont Beuvray a fait l’objet d’une fréquentation humaine importante. Il faut pourtant attendre la fin du IIe siècle avant J.-C. pour que les Eduens, peuple gaulois, décident d’y implanter leur capitale et de créer de toutes pièces une véritable ville, Bibracte. Enclose par un mur d’enceinte, elle abrite à son apogée une population que l‘on estime entre 5 000 et 20 000 habitants.

Vercingétorix y fut proclamé chef de la coalition gauloise en 52 avant J.-C. et Jules César y acheva la rédaction de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Centre économique, politique et religieux, Bibracte « raconte » en détail la vie des Gaulois aux IIe et Ier siècles avant J.-C. Les fouilles révèlent, année après année, ses fortifications, des portes monumentales, des bâtiments publics, une avenue centrale qui traverse différents quartiers… Bibracte est pourtant abandonnée à peine plus d’un siècle après sa fondation, au profit d’Augustodunum (Autun), édifiée à 25 kilomètres du mont Beuvray, à partir de la fin du Ier siècle avant J.-C. (ce sera un autre sujet, bientôt !) Aujourd’hui, Bibracte est un site de référence pour l’étude de la civilisation celtique.

le fameux murus gallicus (mur gaulois): Décrit par Jules César (Jules César, La guerre des gaules, VII, 23), c'est le type de rempart le plus connu. Il est composé d'un poutrage horizontal, les rangs perpendiculaires et parallèles au parement s'alternant successivement, les poutres sont généralement clouées les unes aux autres. Le parement en pierre, dans lequel les extrèmités des poutres perpendiculaires sont visibles, n'existe que sur l'extérieur, l'intérieur étant une rampe en pente douce. Le parement externe d'une hauteur variant de cinq à huit mètres, était probablement surmonté d'une palissade.

Vestiges discernables de la fortification externe

Quartier artisanal de la Côme Chaudron et du Champlain

Les fouilles, reprises depuis 2000 dans les quartiers dits de la Côme Chaudron et du Champlain, près de la Porte du Rebout ont révélé un quartier consacré au travail des métaux et au logement des artisans. Le travail de ces métaux semblait très spécialisé, on y retrouvait des forgerons, des bronziers, des émailleurs, dont les ateliers avaient déjà été repérés par Bulliot, et sans doute des orfèvres et des frappeurs de monnaies. Des fouilles sur le site du Beuvray, au niveau du Champlain, et sur les massifs alentours commencent à révéler l'existence de mines d'extraction des métaux tels que de l'or, du fer et même du minerai d'étain.

Bassin Monumental de Bibracte.

Au centre de la rue principale, au niveau de la pâture du Couvent se dresse ce bassin monumental en granit rose dont l'orientation transversale correspond au lever du Soleil durant le solstice d'hiver et au coucher du Soleil durant le solstice d'été. L'évacuation des eaux se faisait par l'entrée nord, en aval, se poursuivant par une canalisation. L'approvisionnement en eau n'a cependant pas encore été découvert.

Dans la zone de la Pâture du Couvent les fouilles ont révélé sous une grande domus d’époque augustéenne la présence d’un monument exceptionnel et actuellement unique pour cette période en Gaule : une basilique romaine.

Il s’agit d’une basilique à trois nefs à péristyle interne avec un déambulatoire périphérique, présentant quatre rangées de huit colonnes ou huit pilastres. Elle est liée à l'est à une petite place carré de 22 mètres de côté bordé au nord et au sud des portiques qui sont dans la prolongation des murs des annexes de la basilique.

À l'ouest elle est liée à la voie principale de Bibracte par une autre place carrée de 17 mètres de côté. Des éléments d’architecture ont été retrouvés attestant la présence de colonnes de calcaire, de base attique et de chapiteaux doriques et corinthiens.

L'ensemble forme donc un ensemble urbain monumental de première importance. Ces bâtiments sont datés de la période -50/-40 à -35/-25. À cette date la basilique et la place furent soigneusement arasés et remplacés par une grande demeure privée, en liaison sans doute avec le déplacement de la capitale des Éduens à Autun. La basilique de Bibracte confirme l’importance exceptionnelle du site et a révélé pour les Éduens une romanisation considérablement plus rapide que ce que l’on supposait. La basilique de Bibracte est actuellement le plus ancien représentant de l’architecture monumentale romaine en pierre en Europe non méditerranéenne.

Au centre du Mont-Beuvray, le plateau dit du Parc aux chevaux abrite plusieurs maisons en pierre à la romaine qui furent fouillées dès le XIXe siècle. On y retrouve en particulier la demeure PC1(baptisée ainsi par Jacques Gabriel Bulliot) qui est une véritable mine d'or pour les chercheurs. En effet, celle-ci a évolué d'une construction en bois (d'inspiration romaine) à une véritable domus avec un atrium à impluvium, des portiques et même des thermes chauffés par hypocauste, ainsi qu'un système d'égouts. Dans sa phase finale, la demeure mesurait 55 m × 67 m, couvrant une superficie d'environ 3 500 m², soit environ quatre fois la taille des domus que l'on retrouve sur le site de Pompéi.

Les demeures de type celtique sont en bois et souvent avec une cave, les vestiges sont plus fugaces.

L'oppidum de Bibracte compte une dizaine de sources et cinq fontaines de la ville datent de l'époque gauloise ou gallo-romaine. La fontaine Saint-Pierre était un lieu de culte et de pèlerinage dans laquelle on a retrouvé des pièces de monnaies et des ex-voto. Au sommet du mont, un espace cultuel celtique (nemeton) d'un hectare a été mis au jour, entouré d'une palissade et de fossés concentriques. Sous l'actuelle chapelle du XIXe siècle, les fouilles de 1988 ont découvert quant à elles un temple gallo-romain. De plus, l'abandon de la ville avant le début de l'ère chrétienne n'a pas empêché la poursuite des pèlerinages effectués dans ces lieux.

L'hôtel des Gaules:

C'est le nom dont Bulliot, le premier fouilleur du Beuvray, affubla avec humour sa modeste maison de fouille, en référence à l'Autel des Gaules érigé par l'empereur Auguste à Lyon. Il y résida pendant 35 ans durant ses campagnes de fouilles. Reconstruit à l'identique en 2001, il abrite une petite exposition sur les fouilles du XIXe siècle.

Pour la petite histoire: Les fouilles ont été relancées dans les années 1980 à l’initiative du président François Mitterrand, lequel avait un moment conçu l’idée de se faire inhumer sur le site, tel un chef gaulois. Il a acquis pour cela un lot de terrain près du monument qui marque le sommet du mont mais a finalement renoncé à son idée devant l’opposition des archéologues et par crainte des moqueries.

* Vercingétorix, un nom entré dans la légende ! Mais en fait, c'est un titre:

Du gaulois Vercingetorix (« Grand roi des guerriers ») composé

. de ver- (« grand »), du proto-celte uer (« sur, dessus »), lié au germanique über, du proto-indo-européen upo (« sur, dessus ») ; (qui donnera "very" en anglais)

. de cingeto- (« guerrier, brave »), peut-être lié au proto-germanique ginxti-z (« aller, marcher »), du proto-indo-européen g'hengh- (« marcher ») ;

. et de rix (« roi ») → voir rex en latin (« chef, roi »).

Le grand roi des guerriers gaulois est mort à Rome et nous ne connaissons pas son nom...

Bizarrement le nom "César" deviendra un titre!

Le nom de César a donné le mot « Kaiser » en allemand, ainsi que le mot « Tsar » (ou « Czar ») en russe et en bulgare.

Comme pour la visite d'Alise Sainte Reine, il est bon d'avoir lu "La guerre des Gaules" de Jules César.

Attention, l'oppidum de Bibracte se mérite, la montée au Mont Beuvray est sévère.

Mont Beuvray, 71990 Saint-Léger-sous-Beuvray

Accès libre

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