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le sublime et subjuguant prieuré Saint-Ayoul de Provins

C'est le berceau de la cité médiévale, là où tout a commencé! Quinze ans, c’est le nombre d’année qu’il aura fallu pour restaurer le Prieuré Saint-Ayoul, acquis par la ville de Provins en 2003. Il se situe en plein centre-ville de Provins, accolé à l’église du même nom.

Avant l’an 1000, au pied de la Ville-haute de Provins, petit bourg prospère, les vallées de la Voulzie et du Durteint formaient un vaste marécage où s’élevait une chapelle dédiée à Saint Médard, siège d’une cure.

Saint Ayoul céphalophore (XVIe siècle)

Miraculeusement, en 996, on découvrit les reliques de Saint Ayoul (lui-même protecteur des reliques de Saint Benoît), que des moines fuyant les Normands au siècle précédent avaient cachées là. Légende ancienne ou légende fabriquée afin d’attirer des pélerins ? le doute est permis…

Les magnifiques statues-colonnes du poche de l'église

Le premier texte officiel est une charte de 1048 signée de Thibault 1er : La chapelle Saint Médard est devenue Saint Ayoul et Thibault demande au roi que des moines bénédictins en assure le culte. Des religieux arrivèrent de Montier-la-Celle, sous la conduite du prieur Robert (qui fondera plus tard le monastère de Citeaux), côtoyant la cure existante. Une construction neuve fut commencée, de celle-ci subsistent uniquement le transept et la tour-lanterne.

Le long de ce dernier, les visiteurs pourront tout d’abord traverser le chœur des Bénédictins, qui date de la fin XIIIe, et admirer les verrières créées récemment par l’artiste Franco-Allemand Udo Zembok, connu pour avoir conçu le puits de lumière du parking de la cathédrale de Troyes.

« Elles permettent une parfaite restitution de la lumière, observe Luc Duchamp. Elles donnent l’impression, même quand le temps est couvert, que l’édifice est ensoleillé. »

Baignée par une lumière rouge et chaleureuse permise par plusieurs verrières, la chapelle a été construite sur le chœur originel de la première église prieurale : « D’après la légende, c’est là où se trouvait la chapelle de Saint-Médard, qui abritait le corps de Saint-Ayoul, confie l’historien. L’église, telle que vous la voyiez aujourd’hui, a été construite à l’emplacement de cette chapelle pour abriter les reliques de Saint-Ayoul et accueillir un pèlerinage qui a donné lieu au développement des Foires de Champagnes. »Les moines ont ensuite géré le pèlerinage, tout veillant sur les « âmes » de la ville basse.

Face à l’autel, ce sont les traces de la première église prieurale datant du XIe siècle qui se dévoilent.

À 1,20 mètre sous le niveau du sol, on distingue les restes d’un autel d’une des cinq chapelles latérales, entourés de la nappe phréatique qui remonte en hiver.

Ces ruines permettent de se rendre compte de l’emprise au sol de l’ancienne église. Car c’est bien là l’importance du site classé aux Monuments historiques : mélanger les époques, l’ancienne église romane avec la plus jeune, de style gothique.

« L’édifice bénédictin fondé en 1048 a connu les aléas du temps et des problèmes de stabilité, raconte le restaurateur. Mais il a toujours été construit et rénové en épousant les modèles stylistiques de son époque. »

Symbole de cette évolution, la chapelle des Bénédictins, qui jouxte le chœur. Cette dernière s’est effondrée en 1150 avant probablement d’être victime d’un incendie en 1157. Elle n’a pris sa forme actuelle qu’à la fin du XIIIe siècle. De style gothique rayonnant, elle possède toutefois une originalité : sa charpente en bois.

« Après l’effondrement dû à un sol instable, on a abandonné le système de voûte pour le remplacer par une charpente en bois plus souple, expose Luc Duchamp. Elle permet de supporter le mouvement des murs porteurs. »

L’année 1527 marque un tournant à la suite d’un conflit ancien entre les deux communautés religieuses, paroisse et prieuré : le monument est définitivement séparé en deux parties distinctes. La nef et les bas-côtés sont attribués à la paroisse, tandis que le chevet reste au prieuré. Un mur est élevé entre les deux parties.

Le long de ce mur, se dresse notamment un transept long de 60 m, la partie la plus ancienne de l’édifice.
Il est orné de peintures romanes des XIe, XIIe et XIIIe, mais aussi de décors en faux marbre dont l’objectif était d’imiter l’architecture de l’antiquité, celle des basiliques romaines du début du christianisme.
« Il y a même des décors postérieurs, dont un Saint-Christophe daté du XVe siècle », conclut Luc Duchamp.

Comme un symbole, les visiteurs pourront terminer leur visite en passant devant un bloc de strates rocheuses, témoin de ces près de 1 000 ans d’histoire religieuse !

La salle capitulaire du prieuré

Vendu comme bien national à la fin du XVIIIe s., il a accueilli sous-préfecture, gendarmerie nationale, Cavalerie (imaginez le chevet transformé en grange à fourrage pour chevaux), et l’armée. Un partie a même été rachetée par des particuliers qui ont fait habitation et dépendance, et ont démoli des chapelles pour ériger des murs, afin de séparer les propriétés.

A partir de 1938, le chevet est rétrocédé par le ministère de la Guerre au service des Beaux-Arts. A la suite, premiers travaux et premières reconnaissances du monument. Les principaux percements modernes sont fermés et certaines baies anciennes sont rouvertes. C’est le début de fouilles archéologiques, d’études, et de travaux de consolidation…

Depuis 2003 donc, les efforts n’ont jamais cessé entre fouilles et découvertes, classement aux Monuments Historiques, et réhabilitation et restauration.

Le résultat est sublime et subjuguant. De magnifiques fresques et enduits peints ont été révélés au niveau de la croisée du transept et sur les murs, preuve que les édifices religieux étaient colorés et décorés de motifs aux symboles religieux.

1 Cour des Bénédictins, 77160 Provins

Accès payant

Sources:

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